• De retour a Edomura, je ne voulais pas passer à côté de cette histoire vraie. Elle est très connue au Japon. Cette histoire ne se passe pas du côté de Nikko mais à Edo (ancien nom de Tokyo) et les faits auraient eu lieu en 1701.


    A cette époque, le seigneur Asano Naganori ainsi que le seigneur Kamei Korechika sont chargés par le shôgun d'organiser une cérémonie en vue d'accueillir le cortège du représentant de l'Empereur Higashiyama.


    Ces deux seigneurs offrent des présents au seigneur Kira Kozuke no Suke qui est maître des cérémonies du palais. En échange de ces présents, Kira doit leur donner une formation sur la manière de conduire cette cérémonie d'accueil. Kira trouvant les cadeaux trop modestes, ne fait aucun effort pour former les seigneurs Asano et Kamei et va même jusqu'à les insulter.


    Asano ne veut pas entrer dans le jeu de corruption de Kira qui devient de plus en plus arrogant et insultant à leur encontre. Par contre, Kamei ne supportant plus ce comportement décide de tuer Kira. Mais les conseillers de Kamei soudoient Kira en cachette afin d'éviter que Kamei ne commette un acte irréparrable.

     

    Asano lui, continue de supporter les humiliations de Kira. Dès lors, Kira se montre très attentif à Kamei (puisqu'il a été grassement soudoyé) mais continue son comportement humiliant et insultant à l'égard d'Asano. Cependant, un jour Kira va trop loin dans ses insultes envers Asano, qui entre alors dans une grande colère, sort son katana court, et tente de tuer Kira avec. Il le blesse au front mais est vite maîtrisé par la garde.

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    La blessure de Kira est légère, cependant à cette époque il était formellement interdit de brandir une arme dans le palais du shôgun et cet interdit était puni de la peine de mort.

     

    Le seigneur Asano est donc condamné à se faire seppuku, c'est à dire qu'il doit se soumettre au suicide rituel (en france on dit hara-kiri mais au Japon on utilise plutôt le terme de seppuku. Ces deux mots veulent dire la même chose bien que le terme de seppuku soit à mon avis plus approprié). Kira n'est pas condamné car considéré comme non coupable dans cette affaire.

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    Après son suicide rituel, tous les biens du seigneur Asano ainsi que son fief sont  confisqués et ses samouraïs n'ayant plus de seigneur deviennent des rônins.

    Les rônins étaient des samouraïs qui perdant leur seigneur ou leurs biens, louaient ensuite leurs services au plus offrant  ou moins offrant lorsque la nécéssité s'en faisait sentir : ils pouvaient devenir garde du corps etc... 


    Le samouraï et conseiller d'Asano, Ooïshi Kuranosuke Yoshio jure de venger la mort d' Asano de celui qui est à l'origine de ce désastre.

    Il tente également d'intercéder auprès du shôgun en faveur du frère d'Asano pour que ce dernier devienne le nouveau seigneur d'Ako, mais sans succès.


    En tout, 46 rônins de la suite d'Asano rejoignent Ooïshi - dont le fils aîné d'Ooïshi - pour venger la mort de leur maître. Ils savent à l'avance que cette vengeance leur vaudra la peine capitale mais font tout de même la promesse de tuer Kira.

     

    Voici  le rônin Ooïshi Kuranosuke Yoshio (enfin une représentation d'Ooïshi) :

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    Kira, cependant, redoutant une vengeance des rônins, envoie ses espions les surveiller. Mais les rônins se comportent ouvertement comme si tout est normal et se dispersent pour mieux tromper les espions de Kira. Certains deviennent commerçants, artisans ou même se font passer pour moines. Ooïshi lui-même s'installe à Kyoto où il vit dans la débauche et fréquente les bordels et les tavernes. Ceci n'était pas digne d'un ancien samouraï et il aurait été insulté à plusieurs reprises pour son comportement indigne.

     

    Les espions font régulièrement des rapports à Kira qui baisse sa vigilance, pensant qu'Ooïshi est juste tombé dans la déchéance.

     

    Ooïshi divorce de son épouse afin qu'elle n'ai pas à supporter les conséquences de sa vengeance. 

     

     Quelques mois après le suicide rituel d'Asano, plusieurs de ses rônins se retrouvent à Edo (ancien nom de Tokyo) sous l'apparence de commerçants ou d'artisans et offrent leurs services à la maison de Kira. Cela leur permet de surveiller les allées et venues des gens et personnels de Kira et de bien repérer les lieux.

     

    En 1702, soit environ un peu plus d'un an après la mort d'Asano,  Ooïshi se rend lui aussi à Edo. Les 47 rônins se retrouvent, renouvellent leur serment et choisissent le 14 décembre au petit matin pour venger leur seigneur.

    Il est convenu qu'un coup de gong annoncera le début de l'assaut et qu'un coup de sifflet signalera aux rônins la découverte de Kira. Ils se divisent en deux groupes et montent à l'assaut.

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    Lors de cet assaut Kira tente de s'enfuir sans aucun succès et beaucoup de ses hommes sont tués par les rônins. Finalement, ils retrouvent Kira et le reconnaissent à la cicatrice qu'il a gardé au front suite au coup de katana d'Asano.

     

    L'histoire dit qu'Ooïshi aurait offert à Kira de mourir honorablement en se faisant lui-même seppuku mais il semblerait que celui-ci aurait dédaigné cette offre. Ooïshi alors tue Kira et le décapite. Ensuite, il apporte lui-même la tête de Kira sur la tombe d'Asano accompagné de 45 rônin.


    Il semblerait que le plus jeune des 47 rônins (qui n'est pas le fils d'Oïshi) ai été envoyé comme messager avant l'assaut auquel il n'aurait donc pas participé mais il avait pour mission d'aller à Ako, l'ancien fief d'Asano pour dire que la vengeance s'accomplissait.

     

    Suite à ces faits, les 46 rônins ayant participé activement à la vengeance sont condamnés au suicide rituel, le plus jeune rônin qui avait été envoyé à Ako comme messager lui, est gracié. Il est à préciser qu'à l'époque d'Edo, être condamné à se faire seppuku était une mort honorable. Ces rônins savaient tous à l'avance que leur vengeance les conduirait à la peine de mort mais ils étaient loyaux à Asano et n'avaient pas accepté sa mort. A cette époque il était possible à un rônin de continuer sa vie comme si de rien n'était après la mort de son maître, mais il pouvait suivre le code du bushidô, ce qu'ont fait ces rônins en vengeant Asano. Cependant, il leur avait été interdit de commettre cette vendetta. De ce fait, même si les rônins avaient suivi la voie du bushidô, ils n'en étaient pas moins punis de la peine capitale car leur vengeance avait été considérée comme une vengeance personnelle.

     

    En raison de leur fidélité et leur grand dévouement envers leur seigneur, les 46 rônins ont été entérrés près d'Asano. Le 47ème rônin, le plus jeune qui n'avait pas été condamné à mort, vécu de nombreuses années et mourut de vieillesse. A sa mort, il fut lui aussi enterré près des 46 autres rônins.

     

    Le temple de sengakuji à Tokyo où reposent Asano, sa famille et les rônins.

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    La tombe du seigneur Asano Naganori.

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    Voici la tombe d'Ooïshi Kuranosuke.

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    Les gens continuent de venir prier sur les tombes et y brûlent de l'encens.Les tombes des rônins.

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    L'alignement des tombes et les noms des Rônins.

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    Il faut aussi ajouter qu'un 48eme rônin, Kayano Sanpei repose ici. Celui-ci faisait partie du groupe mais il s'est fait seppuku bien avant que la vengeance ne s'accomplisse. Il avait promis de garder le secret sur son serment de vengeance (tout comme les autres), mais son père pensant qu'il fréquentait de mauvaises gens (en raison des réunions secrètes entre les rônins) voulait connaître la vérité sur les allées et venues de son fils et lui ordonna de répondre à ses questions. Celui-ci, tenaillé entre ses devoirs de fils, qui sont d'obéir aux ordres de son père et son serment, se fit seppuku afin de ne pas trahir le secret.

     

    Après ma visite au temple, je n'ai pu m'empêcher d'acheter ces petites figurines en bois qui représentent les 47 rônins !

     

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    Cet article sera modifié s'il contient des erreurs.


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  • Et voilà un autre article sur la période d'Edo...soit il y a environ 200 ans.  


    Concernant les Oïran, que l'on appelait aussi "tayu", j'ai essayé de me renseigner et j'espère ne pas m'être trompée dans mes sources... Les oïran étaient des courtisanes, mais on peut dire aussi prostituées. Elles n'étaient pas à confondre avec les geishas qui elles, normalement ne se prostituaient pas.

    Cependant, comme parfois j'entends que les Oïran sont des geishas de haut rang, j'avoue que je ne comprends pas pourquoi on utilise le terme de geisha pour l'OÏran si l'on considère que la geisha elle, ne se livrait pas à la prostitution...


    Souvent à cette époque, on achetait des petites filles parmi les enfants des pauvres.

    On les emmenait dans des maisons de prostitution et on leur apprenait leur futur métier. Elles étaient apprenties tant qu'elles étaient enfants, mais dès qu'elles atteignaient l'âge requis (ne me demandez pas à partir de quelle âge, je n'en sais rien) elles devenaient prostituées.


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    Il y avait une hiérarchie parmi les prostituées avec (peut-être) 8 niveaux. Les Oïran étaient donc des prostituées de haut rang. Quel que soit leur rang, elles  vivaient toutes dans des quartiers réservés et clos que l'on appelait "quartier des plaisirs" et ne pouvaient pas en sortir : Elles y restaient toute leur vie.


    Celles qui pouvaient quitter ces quartiers avaient été rachetées par des hommes riches qui souhaitaient les épouser, mais ca ne devait pas être fréquent car on les revendait très chers. Cependant, il est déjà arrivé qu'une Oïran refuse d'être rachetée et préfère rester.

    Mais des drames ont également eu lieu.


     

    Les maisons de prostitutions étaient appelées "maisons vertes".

    Les courtisanes de bas niveau étaient présentées chaque jour derrière les barreaux de la maison au rez de chaussée. Ainsi les clients pouvaient les voir, avant de les choisir.


    Apparement, la courtisane de haut rang avait  des privilèges que n'avaient pas celles de rang inférieur. De plus, si un riche seigneur décidait de la louer pour lui seul, il devait en payer le prix fort et l'Oiran  n'avait plus à recevoir d'autres clients que ce propre seigneur.

    C'était je suppose une position privilegiée pour une courtisane.

    L'Oiran de haut rang était cultivée dans divers domaines.


    Egalement, on lui apprenait à parler avec des intonations spéciales afin que nul ne sache de quelle région elle venait. Les Oïran de haut rang pouvaient parfois être confondues avec des dames riches tant leurs atours et leurs équipages étaient richement vêtus. Et leurs quartiers étaient riches aussi (Rien à voir avec la courtisane de rang inférieur). Elles avaient des apprenties avec elles, à qui elles enseignaient tout ce qu'il fallait pour devenir oïran.


     

    Mais les places pour devenir Oïran étaient chères... je veux dire par-là que par exemple, sur 1000 prostituées, seules dix peut-être devenaient Oïran.


    Les Oïran étaient reconnues par leur obi, qu'elles nouaient devant et non pas dans le dos.

     

    Ici deux apprenties travaillant pour une Oïran. La plus âgée porte déjà le obi sur le devant.


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    Les oïran faisaient aussi des parades. Pour ce faire, elles devaient payer de leur propre poche les hommes qu'elles employaient pour cette parade, et peut-être aussi -comme ici - les trois prostituées de rang inférieur qui la suivent. Ces parades étaient un peu nos podium de la mode. C'étaient souvent les oïran qui "faisaient" les nouvelles modes.

     

     

    Après toutes ces explications, voici donc la parade de l'oïran ...

     

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    Et pour voir la parade c'est ici :

     

    http://www.youtube.com/watch?v=QtaDz-VwHhA&feature=endscreen&NR=1

     

     

    Je précise que je modifierai cet article si j'ai "écrit" des erreurs !


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  • A l'époque d'Edo, il existait des spectacles appelés mizugei. Mizu voulant dire "eau" et gei voulant dire "art" ou "tour".

    Je pourrais tout aussi bien le traduire par "jeux d'eau" aussi, mais je n'ai pas trouvé LA traduction de "mizugei" pour le moment.

     

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    Avec des photos, on ne voit rien, mais ici sur ce lien vous pouvez vous faire une idée de ce dont il s'agit.


    http://www.youtube.com/watch?v=XLca_wyTAhk

     

     

    Le village :

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    Ensuite en me promenant toujours dans le village d'Edo, j'ai découvert les châtiments réservés aux criminels et autres voleurs à cette époque.

    Ici un tableau représentant des individus qui ont commis des vols. Ils ont été tatoués.

    Les trois "têtes" du haut  ont des tatouages de différentes préfectures.

    Les trois "têtes" que l'on voit en bas doivent se lire de droite à gauche.

     

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    Au premier vol (visage de droite), on lui tatoue une barre horizontale.

    Au deuxième vol, (visage du milieu) une seconde barre, celle-ci partant de haut en bas et  de droite à gauche.

    Au troisième vol (visage de gauche), une dernière barre partant aussi de haut en bas et de gauche à droite. On y ajoute un petit trait au dessus à droite, ce qui donne ce kanji  :

    kanji qui veut dire "chien". Avec ça, on ne devait pas passer inaperçu...

     

    On poursuit la balade ...

     

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    Le cinéma d'animation sous Edo...

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  •  

    Et nous voici dans le village d'Edo, marchant dans le froid Il faisait 3 degrés tout de même. A Edomura, les visiteurs peuvent louer des costumes d'époque. Ce qui fait que l'on a rencontré des familles vêtues de kimonos et on a même croisé des Americains habillés en princes et princesses. Je vous rappelle que nous avons remonté le temps grâce à ma time machine !!!

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    Une saltimbanque

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    Une porteuse ...cet homme a failli recevoir une statue au visage lorsqu'elle l'a salué !

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    Un juge tenant séance

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      Un gardien...voire un policier d'époque !DSCN2821.JPG

     

    Un prisonnier, arrêté sous nos yeux ! Le bougre avait certainement commis quelque méfait !  C'est une prison de l'époque d'Edo et elle est très aérée.  Si je puis me permettre, il ne devait pas faire bien chaud en hiver, avec tous ces courants d'air !

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    Cet homme porte des katanas dans son panier. Je ne sais si il est vendeur ou...acheteur !

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    Je me fais discrête devant ce samouraï. Faudrait pas que je me fasse repérer !

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    Une villageoise très souriante.

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    Une jeune apprentie travaillant pour une oïran.

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    Voici quelques personnages du village d'Edo. Il y avait d'autres villageois mais il est difficile de prendre en photos tout le monde.

     

    Et si vous voulez les rencontrer de bon matin, voici un lien synmpa :

     

    http://www.youtube.com/watch?v=GJfAkjhG5sk

     


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  • Je reviens avec mon périple à Edomura. (Edo mura signifie village d'Edo). Ici nous avons eu le plaisir de voir une superbe courtisane que l'on nomme Oiran ( prononcer oïlan'). Les Oiran sont des geishas de haut rang, d'après ce que j'ai pu comprendre.  A cette occasion, un spectateur masculin est choisi parmi la foule pour incarner Tatchibana-Sama (seigneur Tatchibana). C'est assez cocasse !

     

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    Si vous voulez voir des extraits filmés, c'est ici sur ce lien. Même si vous ne comprenez pas le japonais, je vous le recommande ne serait-ce que pour voir les costumes, les gestuelles des acteurs et la danse aussi.

     

    http://www.youtube.com/watch?v=eTksg8RQm0Y&feature=related

     


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